Des échanges scientifiques et politiques nombreux 1/2
LA CORRESPONDANCE MARIE CURIE – FERNAND HOLWECK AU FIL DE LA GUERRE

récepteur, 1917, Musée Curie
Fernand Holweck et Marie Curie entreprennent une correspondance régulière tout au long de la guerre. Ils y décrivent leur cadre de vie, leurs activités, et échangent des nouvelles de leurs camarades (André Debierne, Maurice Curie, Fernand Lebeau, ...). Cet échange de lettres permet de se tenir au courant, de s’encourager, de s’entraider. C’est aussi malheureusement un moyen d’apprendre le décès de certains camarades. Fernand Holweck détaille à Marie Curie l’installation de télécommunication qu’il utilise au réseau télégraphique de la 2ème Armée : « c’est un poste de 4 KW composé de 2 voitures automobiles, dans l’une se trouve l’alternateur entraîné par le moteur de la voiture, dans l’autre le poste d’émission et de réception. L’antenne est portée par un mat en acier de 32m » . Il précise qu’« il faut environ 45 min pour monter le mat et creuser la prise de terre » ! Affecté à l’écoute des Allemands, Holweck développe et installe tout au long de sa mobilisation de nouvelles techniques de détection : un « amplificateur à valves destiné à la surprise des conversations téléphoniques de l’ennemi », un « radiogoniomètre à cadre mobile dédié à la recherche des emplacements des postes de TSF allemands de tranchées et brouilleurs d’avions ». Mais il finit par se lasser de son poste et se plaint régulièrement auprès de Marie Curie des conditions matérielles : « on ne peut faire aucune recherche sérieuse ne disposant d’aucun moyen d’action et d’un matériel très rudimentaire ». Il a hâte de retourner travailler au laboratoire de Marie Curie qu’il avait l’habitude d’aider notamment pour son enseignement en tant que préparateur. Pendant son absence, c’est Irène Curie qui aide sa mère ponctuellement.
QUAND LES SCIENTIFIQUES SE SENTENT INUTILES
Début 1917, Fernand Holweck est affecté à un poste de l’administration où il « se sent complètement inutile ». Il demande alors à Marie Curie d’intercéder en sa faveur pour qu’il puisse changer d’affectation. En septembre 1917, il rejoint Paul Langevin à Toulon. Marie Curie mentionne les travaux de Langevin comme des « travaux très importants » relatifs à « la guerre sous marine ». Une fois aux côtés de Langevin, Holweck est de nouveau très enjoué. Il écrit : « les dernières expériences de résonance élastique du quartz sont très jolies et il faudrait être bien peu physicien pour rester insensible devant ce beau phénomène ! »A la fin de la guerre, Holweck souhaite retourner travailler au laboratoire de Marie Curie. En novembre 1918, il écrit à Marie Curie : « il doit être agréable de ne plus constamment parler de sous-marins, de grenades et torpilles, les projectiles radioactifs sont bien plus sympathiques » ! Il faudra attendre encore de longs mois car il ne sera démobilisé qu’en septembre 1919.
Les voitures radiologiques

octobre 1917, Musée Curie
Dès le début du conflit, Marie Curie souhaite se rendre utile. En Septembre 1914, elle est chargée d’organiser un « service radiologique » dans les hôpitaux militaires de région Parisienne où sont conduits les blessés. Par la suite, elle va superviser l’équipement de voitures radiologiques surnommées les « petites Curie », afin de pouvoir réaliser les premiers examens au plus près du lieu des combats. Pendant le conflit, Marie Curie réalisera personnellement plus de 1200 examens radiologiques sur des blessés avec l’aide de sa fille.