Des inventions au service de la guerre

Chercheurs et industriels se sont particulièrement mobilisés au cours de la Première Guerre Mondiale, théâtre d’une multitude d’inventions. Afin d’encadrer ces découvertes, la Commission des Inventions a examiné des milliers de propositions, destinées à améliorer l’efficacité et les conditions de vie des soldats.

L’ESSOR DE LA CHIMIE

André Kling, dir. du laboratoire Municipal de Paris, 1917, BNF

Lorsque la guerre éclate, la chimie est une science peu considérée, en particulier en France. En revanche, les Allemands ont une avance considérable, notamment au niveau de l’industrialisation des procédés pour produire des substances chimiques en quantités importantes. Si au début du conflit, seuls des gaz asphyxiants ou sternutatoires sont utilisés, le 22 avril 1915 reste une date noire avec la première utilisation de gaz mortel : du chlore sous pression lâché à Ypres en Belgique sur les troupes françaises. Fortement mobilisés, les ingénieurs et scientifiques de l’École vont alors avoir un rôle prépondérant.
André Kling (10ème promotion), alors Directeur du Laboratoire Central de la Préfecture de Police va être un des premiers à faire des recherches sur les armes chimiques utilisées par l’Allemagne sur le front. En coordination avec les officiers chimistes, il fait un rapport détaillé des substances utilisées.

Principe de Fonctionnement du
masque ARS 17, Arnaud Lejaille

Ces officiers dont la plupart sont élèves et anciens de l’École (15 sur 16 officiers) récupèrent les obus non explosés et font des analyses sur le terrain souvent en première ligne.

Ces connaissances vont être utilisées par un autre ancien de l’École : Paul Lebeau (4ème promotion), enseignant et titulaire de la chaire de toxicologie à l’École Supérieure de Pharmacie. Celui-ci participe à l’élaboration de dispositifs de protection contre les gaz de combat, dont le masque M2 adopté en mars 1916, puis l’ARS 17, premier masque à cartouche français mis au point après avoir étudié les modèles allemands récupérés sur le front.

UNE BOMBE À OXYGÈNE LIQUIDE

Portrait de G. Claude en 1939, CRH ESPCI

En 1914, Georges Claude [1] est déjà un industriel reconnu comme co-fondateur de la Société Air Liquide, et se lance dans la fabrication d’une bombe à oxygène liquide. D’une
capacité de « 25 litres en acier d’un centimètre d’épaisseur, [...], pour donner des éclats terriblement meurtriers [...] la bombe éclate au-dessus du sol et répand ses éclats dans un très grand rayon d’action ». Testée avec succès en septembre 1914, elle rase, dans un rayon de 25 mètres, tout sur son passage. Très efficace, elle n’est pourtant pas appréciée par l’aviation militaire : jugée trop lourde, de visée trop hasardeuse et d’une efficacité pouvant être égalée par des obus de 6 kg. Elle ne sera pas utilisée.





Les instruments de Charles Féry




Pyromètre de C. Féry, construit au
début du XXème siècle, G. Durey

Mis au point dans les années 1900, le télescope pyromètrique de C. Féry va trouver un usage pendant la guerre. Cet instrument permet de mesurer la température de surface rayonnée par les obus lors de leur fabrication. Ces derniers sont trempés dans des bains de cuisson de températures différentes, haute et basse, permettant une meilleure fragmentation de l’obus quand celui-ci explose. Les pyromètres Féry permettent un bien meilleur rendement de fabrication des obus dans les usines françaises.
Son réfractomètre universel qui donne l’indice de réfraction d’un liquide, permettra de déterminer les propriétés optiques d’un grand nombre de liquides destinés à la confection des obus asphyxiants ou lacrymogènes.


[1Lors de la Seconde Guerre Mondiale, Georges Claude ralliera le régime de Vichy et se verra contraint de démissionner d’Air Liquide.
Arrêté en 1944, il sera radié de l’Académie des Sciences et se verra retirer la légion d’Honneur.

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